Le jeu est par essence social et inutile

Concevoir un jeu en prenant en compte sa composante sociale essentielle est une clé du succès. Plus personne ne pourrait en douter.

La question que doit se poser tout game designer qui veut créer une jeu doit être : qu'est-ce que le jeu ? Qu'est-ce que jouer ? Qu'est-ce qui, dans mon expérience du jeu, me satisfait ?

jeu socialLes jeux ne sont pas nouveaux. On peut même certainement imaginer que les jeux sont aussi vieux que l'humanité et que de ce fait ils sont essentiellement sociaux. On peut même observer que mêmes les animaux jouent, par exemple les chats qui font rouler une boule, attrapent une souris par la queue ou se mordent entre eux gentiment jusqu'à ce qu'après un énervement l'un décide d'arrêter. Il est temps de faire suite à notre précédent article définir le jeu.

Les philosophes sont nombreux à avoir étudier ce phénomène : Roger Caillois, Alain, Winnicott (du côté de la psychologie). Le caractère inutile du jeu a souvent questionné la plupart tentant même de le chargé d'une utilité implicite : éducation, compétition, performation de soi. De fait, le jeu, s'il a toujours existé, à maintenant envahi tous les domaines jusqu'à fournir même des jeux sérieux dans les milieux de la formation.

Vouloir faire un jeu c'est donc ce positionner par rapport à tous ces points de vue, ces contextes qui rendent le mot plus compliqué qu'il n'y paraît au premier abord.

Caractéristiques du jeu

On observe cependant des caractéristiques régulières du jeu :

  • il ne doit pas changer la réalité (sauf pour les jeux dits éducatifs)
  • il doit disposer de règles claires et connues des joueurs : jouer avec une balle au pied ou à la main ne sont pas les mêmes jeux
  • le jeu a un début, mais il a aussi une fin
  • le jeu peut se faire seul (bilboquet) ou à plusieurs (sport) mais le principe du jeu, et peut-être son intérêt tient dans le fait que le résultat final n'est pas connu à l'avance.

 

Le jeu est un objet social

Par ces règles, créant un espace social fictif, le jeu peut être considéré comme une micro société initiatrice qui justifie son utilisation dans divers contextes. Le jeu permet aux enfants de se préparer à tenir compte des contraintes qui s'imposeront à eux, à tenir compte de la diversité, à savoir sur qui compter (les petits clins d'oeils en coin), ou encore à perdre. Le caractère détaché du jeu permettrait une sorte d'entraînement sans incidence.

 

Ainsi, il ne peut être d'autres jeux que des jeux sociaux. Il sera donc particulièrement de bien expliquer et clairement les règles du jeu, que celles-ci soient les plus simples pour en faciliter l'exploitation par les joueurs. Il sera important de définir éventuellement le public, le contexte d'utilisation du jeu ou de faire en sorte de créer ce contexte. Un joli jeu, simple en apparence, ne signifie pas que des enfants pourront y jouer : typiquement, les casses-têtes chinois ne sont que des jeux de déconstruction, ce que des enfants de 6 mois adorent, mais la logique, la patience et l'introspection qu'ils induisent vont impliquer que les utilisateurs seront bien plus âgé. Inutile donc de décevoir par une mauvaise connaissance de l'adéquation entre le jeu et la cible.

Enfin, une erreur fréquente à l'heure actuelle et de confondre jeu et jeu vidéo, ou de détacher les deux. Si les derniers ont évidemment acquis une vraie place, il n'en reste pas moins qu'ils sont loin d'être majoritaires dans la pratique. Leur succès commercial ne doit pas masquer d'autres jeux à succès : sports, jeux de cartes et surtout jeux de mots ou d'humeur que s'échangent des amis au quotidien par petites touches. Le jeu vidéo n'est qu'une approche technologique du jeu, comme il y a des jeux en bois, et ne saurait remettre en cause les fondamentaux du jeu qui reposent sur un comportement anthropologique plus large, presque inaliénable.

publié le 20 avril 2014, mis à jour le dans Jeux,